Une personne convertie doit-elle s’éloigner de ses amis non-juifs ?

Le Rambam explique que l'homme est par nature influencé par le milieu qu'il fréquente. Aussi préconise-t-il de rechercher la compagnie des gens de Torah, et de s'éloigner des personnes ayant un comportement incorrect [Hilkhote Déot 6,1]. On peut remarquer que le Rambam n'établit pas une distinction entre "juifs" et "non-juifs" ; mais s'attache plutôt aux actions des personnes fréquentées. Par ailleurs, dans la Iguéréte HaShmad (lettre sur les persécutions), il recommande aux juifs vivant dans des pays restreignant la pratique des Mitsvot de déménager vers un pays plus clément. Ce n'est pas le fait d'être dans un pays peuplé majoritairement de non-juifs qui dérange. Le problème ne commence qu'à partir du moment où ces derniers expriment - directement ou indirectement - un mode de vie obligeant le juif à faire des concessions dans son rapport à la Torah. En outre, certains nos grands maîtres expliquent qu'il faut établir une différence entre les "idolâtres" dont fait état de manière péjorative le Talmud à plusieurs reprises, par rapport aux "non-juifs" que nous côtoyons, qui sont monothéistes et civilisés, et avec qui des relations cordiales sont possibles [cf. Béer HaGola 'Hochen Michpat 266, 2 et 348, 5; ainsi que Torah-Témima Vayikra 25, note 83].

Il ressort de cela que, dans l'absolu, il n'y a pas de problème à conserver des relations avec des amis non-juifs.

Cependant, il peut y avoir un souci lorsque le mode de vie des anciens amis, ou leurs conversations, sont incompatibles avec la nouvelle vie de la personne convertie (ou du juif ayant fait Téchouva, car la problématique est similaire). Par exemple, si les sorties des anciens amis sont liées au monde de la nuit, et que leurs discussions tournent autour des relations interdites hommes-femmes, il est certain qu'il ne faudra plus les fréquenter, tout en restant le plus courtois possible. De même, si l'opportunité de rendre un service se présente, et à condition que cela ne provoque pas un risque de se laisser influencer, il faudra alors le faire. En agissant de la sorte, il n'y aura pas de 'Hiloul Hachem. Quant à votre question sur le Yi'houd, il est totalement interdit pour un homme de s'isoler avec une femme qui n'est pas la sienne, qu'elle soit juive ou non-juive plus de détails ici. L'envoi de messages n'est pas interdit s'il y a une réelle utilité à cela (dans le cadre du travail par exemple). Toutefois, pour des raisons évidentes, il convient de s'éloigner le plus possible de tout échange susceptible de mener à de la frivolité. 



A votre disposition pour davantage de précisions, 

Kol Touv.

A propos du Rav

De formation universitaire (titulaire d’un doctorat en Droit), Rav Yona GHERTMAN s’est tourné vers des études de Kodech, à la Yechiva, puis au Collel de Nice (CEJ), où il étudie encore aujourd’hui. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le judaïsme, dans lesquels il puise parmi les sources traditionnelles, qu’il présente d’une manière structurée et pédagogique au public francophone. 

Aujourd’hui marié et père de quatre enfants, il partage son temps entre l’étude, l’enseignement de la Torah, et le rabbinat, où il s’occupe notamment des conversions au judaïsme. 

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