Un homme converti peut-il être Président d’une communauté juive ?

La Guémara émet le principe que "tout poste de pouvoir ne doit être proposé qu'à un homme d'entre tes frères", ce qui exclut les personnes converties (Yébamot 45b). Il est question sur place du poste de trésorier de la communauté. Cependant, le trésorier à l'époque talmudique n'est pas comparable aux trésoriers de nos communautés : il pouvait émettre des taxes obligatoires, et il avait un pouvoir coercitif pour faire respecter ses ordonnances [cf. également Kidouchin 76b dans un esprit similaire, à propos des préposés aux poids et mesures et au partage des eaux venant du puits].

Or, selon le Roch, c'est uniquement s'il y a un pouvoir coercitif que le converti ne peut pas assumer un poste de pouvoir. Mais s'il ne dispose pas de force contraignante, il peut assumer tout rôle au sein de la communauté (Roch, Yébamot 12, 2).C'est sur la base de cette idée que Rav Moché Feinstein permet à un homme converti d'être Rav ou Roch Yéchiva, car il n'y a pas de pouvoir de coercition sur les fidèles ou sur les élèves (Iguérot Moché, Yoré Déa 4, 26).

Pour en venir plus précisément à votre question : dans certaines communautés juives, le président a un pouvoir de décision tellement vaste qu'il peut s'apparenter à un "pouvoir de coercition".

En revanche, dans d'autres communautés, le rôle de président se résume à l'accomplissement de formalités administratives. Par conséquent, si un converti désire occuper une telle fonction, il devra interroger au préalable un Dayan (juge rabbinique) quant à la faisabilité de son projet. Il s'agit donc d'une question devant être traitée au cas par cas devant une autorité compétente en la matière.Pour en savoir plus, je traite de cette question dans mes ouvrages sur la conversion : Une identité juive en devenir, la conversion au judaïsme, éditions Lichma pp.185-193 ; La conversion au judaïsme, une identité juive en devenir Tome II, éditions Lichma, pp.181-191.

A votre disposition pour plus de précisions.

Kol Touv.